
Vous avez dit PAYANA
Omniprésent dans les cultures Lao et Isan, le mot "PHAYA NAK" (se prononce « Payana »)
représente une espèce de serpent au corps vert recouvert d’écailles, très long et au ventre blanc. Avec
une tête humanoïde aux yeux bridés et surmontée d’une corne aux couleurs chatoyantes, souvent dorée,
beaucoup assimilent cette créature à une sorte de dragon sympathique aux dents longues.
Dans les autres pays du Sud-Est Asiatique, NAGA désigne aussi cette entité mythique. Payana et
Naga jouent un rôle important tant dans la culture et le folklore que dans les croyances et rituels
religieux. On les retrouve sculptés sur le fronton des temples ou peints dans les principaux espaces
(Bot, Vihara, Sala) des temples. Dans les parcs et jardins de nombreuses stèles de Payana accompagnent
souvent une statue de Bouddha.
Origine indienne des Payana
Le bouddhisme theravada ayant structurée les cultures du Sud-Est Asiatique, en particulier celle de
Thaïlande, le mot Naga trouve de toute évidence son origine dans le sanskrit : il signifie « serpent ».
Dans les traditions post-védiques, les nagas incarnent les gardiens de la richesse de la terre et
des trésors de la nature. Le plus souvent, ils vivent cachés dans des milieux souterrains ou
subaquatiques, souvent sous l’eau pour se protéger de leur « ennemi » et opposant naturel, l’aigle géant
Garuda. Mais Nāga et Garuda ne sont en fait que la représentation des deux aspects de la dualité qui
retrouvent leur unité dans l’unité de Vishnou.
Dans l’iconographie, un serpent accompagne de nombreuses déités à l’instar de Vishnou ou de
Bouddha. Ainsi dans la mythologie theravada se justifient le rang divin de Naga et son appellation
Seigneur. On respecte, vénère et prie Phaya Nak (พญานาค) ou Seigneur Serpent.
Bouddha et Payana
Bouddha, neuvième incarnation de Vishnou, est naturellement associé au mythe des
Payanas. Bouddha, descendant d'un arc-en-ciel dont deux nagas constituent les rampes, immortalise sa
révélation aux êtres humains et le début de sa vie publique.
Une légende rapporte que, lors de son existence, Bouddha aperçut un naga chétif qui lui expliqua
combien ses congénères souffraient de malnutrition, de faiblesse et de maladies souvent incurables.
Rempli de compassion, Bouddha se rendit dans leur royaume pour constater la misère de leur vie. Il leur
dispensa de nombreux conseils et des connaissances sur la vie. Son enseignement leur apporta guérison,
paix, harmonie, prospérité et sagesse. Dès lors, les nagas exprimèrent leur respect et leur gratitude en
qualifiant Bouddha d’Empereur des Nagas.
Un jour, une violente tempête surgit alors que Bouddha méditait profondément sans porter son
attention sur les contingences matérielles : il ignora la pluie diluvienne qui faisait monter
dangereusement les eaux. Surgissant des eaux et de la terre, Payana Muchalinda, Payana aux sept têtes,
s'enroula en sept anneaux et déploya ses sept têtes en forme d’auvent pour protéger le seigneur Bouddha.
Ils restèrent ainsi un long moment jusqu'à ce que les flots se retirent. En remerciement, Bouddha bénit
les eaux sur lesquelles Payana Muchalinda régnait. Il obtint ainsi la dévotion indéfectible de tous les
nāgas.
Depuis, Bouddha est souvent représenté assis devant le Payana qui le protège. Une autre anecdote
raconte qu’un Naga désirant devenir moine, se déguisa pour prendre l’apparence d’un être humain. Quand la
véritable nature de l’impétrant fut découverte pendant son sommeil, Bouddha lui expliqua que seuls les
humains pouvaient être ordonnés tout en le félicitant d’avoir une foi aussi solide.
Depuis, la tradition bouddhiste intègre plusieurs rituels dits "Naga ordination" dans la
préparation des moines novices. Lors de la "Naga procession" (แห่นาค), avant d’entrer dans le temple, la
question "Êtes-vous un être humain ?" (มนุสโสสิ) est ainsi posée au début de la cérémonie pour s’assurer
qu’aucun naga n’est présent.
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